mercredi, novembre 08, 2006

A vos agendas : le festival de films gay à Paris

Entre le 14 et le 21 novembre, le Festival de films gay fera en cours de route un détour par le porno et présentera en prime le premier porno lesbien français. Cet événement cinéma placé sous un signe très sexe suivra de peu la sortie en salles, le 8 novembre, d’un film excessivement joyeux, festif, brillant et… sexuel : " Shortbus ", petit bijou queer signé John Cameron Mitchell, l’auteur du déjà réjouissant " Hedwig and the Angry Inch ". Mais ces deux rendez-vous ne sont pas les seuls d’une période chargée en images homos…
(Par Didier Roth-Bettoni
, e-llico.com)

On s’en voudrait de résumer l’édition 2006 du Festival de Films Gays et Lesbiens de Paris à sa seule dimension X, tant on y trouvera comme chaque année une multitude d’approches d’une homosexualité dans tous ses états : homophobie (le formidable documentaire d’Olivier Meyrou "Au-delà de la haine" autour du meurtre à Reims de François Chenu), transsexualité (le film indien "Navrasa"), découverte de soi (la mère de famille du "Gypo" de Jan Dunn, qui tombe amoureuse d’une jeune gitane), camp déchaîné (l’agent secret travesti du délirant film thaïlandais "The adventures of Iron Pussy"), romance (entre la future mariée du "Imagine me & you" de Ol Parker et la fleuriste de la cérémonie), hermaphrodisme (via le secret de l’héroïne-cascadeuse de "Both" de Lisset Barcellos), dernier amour (du vieil homme de "Solange Du Hier Bist" pour le beau prostitué qu’il engage régulièrement), premiers désirs (du jeune garçon efféminé du très beau film philippin "L’éveil de Maximo Oliveros" pour un policier), histoire du mouvement homo (le doc "Phare, fard, FHAR !")…

Néanmoins, avec la présentation de "One night stand" de la photographe Emilie Jouvet -— qui passe ici à la mise en scène pour le premier porno lesbien français — et le relais offert au festival de films porno de Berlin (avec 14 courts métrages), c’est bien du côté sexe que lorgne avec insistance ce Festival éclectique qui propose aussi le premier long métrage érotique et dérangeant de Maria Beatty ("Boy in a bathtub") et une sélection (intitulée Rose Cabine) de courts métrages d’artistes très impliqués dans l’imagerie sexuelle. Pourquoi ce choix ? Certainement parce que c’est encore et toujours du côté de la représentation de la sexualité homo — au sens le plus large du terme, "One night stand", offrant en plus d’une sexualité lesbienne très très débridée et pas du tout soft ou chichiteuse (bonjour le fist, les pinces à seins, les godes ceinture, les orgasmes explosifs…) une séquence avec un transsexuel en devenir — que s’élabore, s’échafaude et s’affirme une différence que la plupart des fictions (occidentales en tout cas) ont désormais tendance à minimiser, la normalisation/banalisation des amours pédées étant aujourd’hui de mise. Il suffit de voir "Brokeback Mountain" ou "L’homme de sa vie" pour en être convaincu et d’un certain point de vue, on ne peut que s’en réjouir.

La baise transpédégouine (comme dirait Madame H), elle, reste heureusement irréductible et demeure un espace préservé pour des cinéastes militants. Car c’est bien de cela qu’il s’agit ici : pas de filmer ou de montrer du cul pour du cul (encore que, cela n’aurait rien de honteux) mais bien d’en profiter pour faire passer par la bande un discours très engagé sur l’homosexualité. Les actrices débutantes (et très enthousiastes) du film d’Emilie Jouvet l’ont bien compris qui, durant les 10 premières minutes de la projection, expliquent une démarche où l’intellect, l’engagement identitaire et le corps vont de pair. Une démarche que l’on retrouve à l’évidence à l’œuvre dans " Shortbus ", petite merveille de John Cameron Mitchell qui, si elle n’est pas présentée au festival, sera en salles le 8 novembre.

Festival de Films Gays et Lesbiens, Cinéma Le Rex, Cinéma du Monde. Rens. : www.ffglp.net Du 14 au 21 novembre.

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